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Octobre-Novembre 2003 – No. 96
Air France
Madame
Good morning Vietnam!
C’est en train que l’on atteint le Victoria Sapa Hotel et sa vue époustouflante sur une nature préservée.
C’est un paysage d’émeraude habité par un peuple bleu. Des cascades vertigineuses, des rizières en terrasses où se reflète le ciel, une impression de bout du monde. Au nord du Vietnam, près de la frontière chinoise, le Haut Tonkin abrite le massif montagneux le plus élevé d’Asie du Sud-Est, une région mystérieuse encore peu touchée par le tourisme. C’est là, blottie le long du Mont Fan Si Pan, que vit la petite ville de Sapa, à 370 km d’Hanoi. Surplombant les habitations, le Victoria Sapa Hotel est un resort d’exception conçu comme un grand chalet luxueux de pierre et de bois, dans le respect du cadre montagnard. Un lieu étrange et chaleureux, à l’image de la ville, une ancienne station d’altitude peuplée au temps de l’Indochine française par les familles de colons, lorsque la mousson rendait les villes irrespirables.
Pour se rendre à Sapa, un seul moyen: le train. Construit par les Français au début du siècle dernier, il serpente lentement durant une nuit entière entre montagnes et viaducs jusqu’à son terminus, Lao Cai. Cabines tapissées d’acajou aux portes décorées de motifs chinois, restaurant molletonné de rouge: le Victoria Sapa Hotel réserve des wagons hauts de gamme à ses clients. A l’aube, arrivée à Lao Cai, perdue comme un songe dans la brume du petit matin. La route qui mène à Sapa est extraordinaire: 30km de bananiers et plantations de manioc, des flancs de plateaux concentriques, le soleil qui se lève au sommet d’un pic.
A 1700 mètres d’altitude, Sapa se montre enfin. Perché en haut du village, l’hôtel Victoria est entouré d’anciennes villas coloniales au charme suranné et d’un immense lac artificiel. Construit il y a cing ans, il concilie l’architecture robuste des chalets de montagnes et un style colonial années trente. Toits pointus et balconnets fleuris entourent un jardin cosy. Les quatre-vingts chambres décorées avec goût, dont deux suites magnifiques de 50 m2, ont toutes une vue spectaculaire sur les flancs escarpés des alentours. Tout ici respire le confort: grande cheminée entourée de canapés, salle à manger bordée d’une terrasse où déguster une salade de papaye verte au boeuf séché…ou une authentique raclette!
L’hôtel Victoria est également un excellent point de départ pour de nombreuses excursions dans les “Alpes du Tonkin”. Tôt le matin, on part avec un guide en direction des villages qui peuplent les montagnes. Ici vivent les Hmongs et les Daos, tribus minoritaires appartenant aux cinquante-quatre ethnies qui composent le Vietnam. A 95 km de Sapa, le village de Coc Ly est envahi tous les mardis par un marché haut en couleurs. On y achète riz, poulets et tabac, on s’échange les teintures qui colorent les vêtements des femmes, savantes superpositions de pantalons, jupes, tuniques et ceintures ornées d’incrustations de batik ou de fines broderies. Les tissus, coton et chanvre, sont éclatants de couleurs, rouge pour les Daos, bleu pour les Hmongs. Une traversée de la rivière sur une petite embarcation révèle un paysage à couper le souffle. Les montagnes sortent de l’eau et semblent confier leurs secrets, bordées de grottes et de minuscules villages où les rares touristes sont accueillis avec curiosité.
Le soir, retour à Sapa. La nuit tombe tôt, un moment privilégié pour faire un tour au spa de l’hôtel. Les salles de soin sont spacieuses, les massages délicieux après une journée d’escapade. Entièrement entourée de baies vitrées, la longue piscine surplombe le paysage. Idéal pour regarder le soleil se coucher sur ce lieu hors du temps, teinté d’une pointe de nostalgie.
Elsa Margot-Amari
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